Ce fort que n’a pas vu Champlain en 1609 !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Rappelons ce qu’avait écrit Champlain en juillet 1609, quand il toucha terre au pied des rapides de Chambly. Mais imaginons que ce célibataire de Champlain rêvait alors d’amours courtois. Qu’aurait-il promis à sa dulcinée ? Songeait-il déjà que, l’année suivante, il épouserait Hélène Boullé, jeune fille de douze ans ?

Cette dernière devait venir à Québec en 1620, pour s’y ennuyer largement, même si son frère Eustache Boullé y était présent. Elle ne restera en Nouvelle-France que quatre ans.  Imaginons les textos ardents et les courriels galants qu’il aurait envoyés sur les ailes de Cupidon à sa promise:

J’ai mesuré trois brasses dans cette rivière qui coule vers le nord. On est à six journées du Grand lac, à trente lieues par terre. Aucun chrétien encore n’a paru en ce pays et la terre est vierge comme au jour de la création. … Ma douce, dès lors ta venue, te donnerais ce pays de chênes et de rosée.

 L’entrée du sault est une manière de lac qui contient quelque trois lieues de circuit. Y a quelques prairies où il n’habite aucun sauvage. Il y a fort peu d’eau au saut qui court d’une grande vitesse. Il y a quantité de rochers et cailloux qui font que les sauvages ne peuvent les surmonter… Mignonne, si vous fûtes aux rosiers blancs, gardez vos pieds bien enchaussés.

 En icelle rivière, il y a nombre de belles îsles qui sont basses, et remplies de très beaux bois de pins et de vignes. Et des prairies où il y a quantité de gibiers et chasse d’animaux, comme cerfs, daims, faons, ours et chevreuils. … Belle Hélène, je réserverai à ton nom une île des plus jolies.

Si ce n’est de l’ile Ste-Hélène, rien d’Hélène Boullé n’est resté en ce pays de forêts.

Illustration: Archives de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly