Changement climatique, inondations et dérive sociale

Quel chagrin de voir tous ces gens, nos gens, encerclés par l’eau, évacués de leurs maisons, dont certaines, en trop piteux état, sont voués à la démolition. Et pendant que nos gouvernements projettent de repenser les infrastructures pour affronter les «désastres de plus en plus fréquents avec les changements climatiques» (Justin Trudeau), on ne s’attaque pas à cette cause que pourtant l’on reconnaît.

CO²: On le réduit à pas de tortue quand la prudence recommande la vitesse grand V. D’ailleurs, l’automobile électrique, belle d’un futurisme d’actualité, qu’attend-on pour la rendre accessible au grand nombre? Les instances au pouvoir préfèrent avancer périlleusement direction pétrole.

Jargon de l’heure: forages, fracturations, gaz de schiste, sables bitumineux, Oléoduc Énergie Est… Qu’arriverait-il si les pipelines usés, corrodés, se fissuraient sous l’effet de la pression? Et s’il s’en déversait en période d’inondation, de ces pipelines alors enfouis sous des terres immergées? C’est chose envisageable en regard des 4 500 km de tuyaux traversant le Québec sur 700 km prévoyant un transit de 1 100 000 barils de pétrole lourd par jour (Énergie Est). Sachons qu’un seul litre d’hydrocarbure rend impropre à la consommation un million de litres d’eau.

Comme il semble déjà naturel de devoir s’habituer à ce que nos cours d’eau envahissent notre espace de vie, ce ne serait plus de l’ordre de ce désastre périodique, mais de la tragédie.

Les hydrocarbures nous entraînent dans une chute irréversible. Et la pétrorichesse convoitée enrichirait une poignée de richissimes. Quant à la population, celle-ci paye déjà cher le prix du changement climatique, en lot de souffrances humaines, en perte radicale de qualité de vie, puis surgissent les coûts faramineux. Dans quels calculs sans fin faudrait-il s’engloutir pour chiffrer les dommages et interventions reliés à de coutumières inondations prédites?

Alors qu’enrayer la cause, identifiée de surcroît, est pure logique. Si les crues printanières sont inévitables, on peut s’atteler à ralentir dans un premier temps, à défaut de stopper, le réchauffement climatique qui semble s’emballer.

Des gouvernements qui discourent acceptabilité sociale, respect des citoyens et de l’environnement, qui se retournent et organisent main dans la main l’exploitation des hydrocarbures d’une ampleur sans précédent chez nous, ceux-là manquent au respect. Ça prend le respect environnemental tout le tour. Un gouvernement qui prendrait soin de ses gens veillerait à résorber le mal qui nous plonge tous dans un avenir incertain.

Lise Perreault

Chronique environnementale : Vert l’avenir