Démolition de la maison Boileau : La Ville s’explique

CHAMBLY – La Ville de Chambly a convoqué la presse pour faire le point sur les récents événements entourant la démolition de la maison Boileau; événements qui ont soulevé un tollé de protestations jeudi dernier. Basant sa décision sur des rapports d’experts disponibles sur son site web, la direction générale persiste et signe, réaffirmant que des «motifs de sécurité» justifiaient la démolition de la maison du notaire René-Boileau.

Cette décision de démolir la maison Boileau a été adressée au maire de Chambly dans une lettre (acheminée aux médias) et datée du 8 novembre par le directeur général. «La démolition devait avoir lieu le 16 novembre, mais la mauvaise température nous a empêchés de le faire. Je ne pouvais pas me permettre en tant que directeur général de mettre la Ville à risque, qu’il y ait effondrement de la maison et mettre la vie de citoyens en jeu», a expliqué le directeur général, qui dit avoir eu toute la légitimité de «prendre seul» la décision, quand la sécurité des citoyens est en jeu. Le DG a fait son mea culpa et a reconnu qu’il aurait dû rendre publique sa décision plus rapidement.

«C’est moi qui ai pris la décision de démolir la maison. Il y avait une situation d’urgence. La maison n’était pas sécuritaire et si elle s’était effondrée et qu’une personne avait été blessée, la personne qui aurait été poursuivie, c’est moi. Je ne pouvais pas permettre ça à la Ville. Je n’avais pas à aller voir le conseil ou même le maire. C’est sûr que par respect, je l’informais qu’éventuellement on ne pouvait pas la garder dans cette situation-là. Elle va tomber. Ça s’est fait le 22», poursuit le directeur général.

Le maire suppléant Jean Roy a renchéri sur les propos de son dg mentionnant «qu’il est faux de penser que c’est une initiative unique et que le conseil n’avait pas été mis au courant. Nous avons eu des discussions de travail et certains conseillers étaient-là et l’information a été véhiculée. Quand on a eu l’information qu’il y avait des rapports qui disaient comme quoi la maison était irrécupérable et que c’était rendu dangereux, il fallait agir rapidement», a lancé le maire suppléant. «Tout le monde savait que la maison Boileau faisait partie d’un patrimoine à risque. Même la société d’histoire savait qu’il y avait une possibilité qu’elle soit démolie ou qu’elle soit reconstruite. Dans une lettre qu’elle nous a fait parvenir en 2016, elle mentionne qu’elle souhaitait la sauvegarde de la maison, mais qu’elle était consciente et elle fait même le deuil que peut-être que la maison serait démolie. Laissée à l’abandon, la maison s’est beaucoup détériorée, à en devenir irrécupérable. C’est triste, mais il ne faut pas oublier que le fort Chambly a été démolie puis reconstruit», poursuit Jean Roy.

Selon la Ville de Chambly, le «plan de match» a été respecté. « Il a toujours été question de restaurer ou de remplacer la maison Boileau, en fonction des analyses reçues. Lorsque la Ville l’a achetée en 2016, il fallait vraiment savoir vers quoi on s’en allait. L’intention derrière ça était de conserver la maison ou de la remplacer et de faire en sorte qu’elle devait servir de maison touristique pour la Ville et y réserver des espaces pour diffuser l’histoire chamblyenne. Donc ç’a toujours été le plan de match à l’origine», a expliqué le maire suppléant.

Rappelons que la Ville de Chambly, par le biais de l’installation d’horodateurs, a créé en 2017 un fonds spécial, le PHAC (Patrimoine-Histoire-Activités Culturelle), destiné à soutenir et valoriser le patrimoine, l’histoire et la culture. Les horodateurs ont rapporté jusqu’à maintenant à la Ville un peu plus de 321,000 $. «Le fonds n’a pas été créé uniquement pour la sauvegarde de la maison Boileau, mais pour soutenir un ensemble de projets», poursuit le maire suppléant.

Lundi (26 novembre), la Ville de Chambly a fait l’annonce qu’elle allait proposer la construction d’une réplique de la maison Boileau sur le site même où elle a résidé pendant 200 ans. Elle affirme qu’il ne s’agit pas d’un geste improvisé. « Les coûts pour une réhabilitation étaient estimés voilà plus d’un an à 1,8 million et pour une nouvelle reconstruction à 1,4 million. Tout est dans le rapport. Non, ce n’est pas improvisé », a lancé le dg de la Ville.

«La construction va peut-être être nouvelle, mais elle va mettre en valeur notre patrimoine et notre histoire par de l’interprétation et des expositions. C’est le but ultime», a pour sa part indiqué Jean Roy, qui ne s’est pas prononcé sur l’échéancier ou les coûts de la construction d’une réplique.

De son côté, le directeur général a mentionné que des mesures de la maison et des photographies avaient été prises. Sur la question de la récupération de certains artéfacts de la maison, la Ville affirme que quelques éléments avaient été prélevés. «On en a gardé un peu, mais c’est vraiment minime. On a demandé à nos architectes de nous donner une estimation du pourcentage des choses récupérables et ils ne pouvaient pas nous répondre», de conclure le directeur général.

Photographies: Onil© / Journal le Montérégien inc.