Des auberges en surnombre !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Les auberges d’autrefois ont été des relais pour les voyageurs, des lieux de réceptions et de réunions. Ils ont offert pension et repos aux visiteurs. Même que certains hôtels furent des lieux de santé.  Fréquenter les stations thermales, changer d’air, prendre les bains, aller à la pêche, se retrouver avec le beau monde ont aussi composé le menu des hôtelleries.

Les auberges ont servi de gare, d’étape pour les diligences (Stage coach), de dépôt de marchandises et de station pour la poste. Souvent l’hôtelier offrait l’écurie, une pension pour les chevaux (Livery Stable). Il assurait la réparation des voitures.

Certains hôtels sont devenus des lieux identitaires renommés. Le Grand Hôtel (sur le site du restaurant Marius) dans le Chambly des années 1900, réputé entre tous, offrait 44 chambres aux Montréalais pour les week ends d’été.

L’hôtel Albion (qui logeait dans la caserne des officiers vers 1880), servait des groupes de visiteurs lors d’assemblées publiques, comme celles de la société Saint-Jean-Baptiste.

Au Monaco, (aujourd’hui au 2562, avenue Bourgogne), on célébrait des évènements locaux. À l’hôtel de la veuve Vincelette (rue Martel), on a tenu, par exemple l’assemblée des francs tenanciers de la paroisse Saint-Joseph pour réparer le chemin des Vingt-cinq (La Minerve, 28 novembre 1831), et une assemblée des cultivateurs du comté de Chambly pour établir une société d’Agriculture. (La Minerve, 4 avril 1833).

Mais la fréquentation des auberges et leur prolifération n’étaient pas toujours appréciées. Le curé de Saint-Jean écrivait: “Nous comptons dans nos limites sept auberges de moins que l’an dernier. C’est-à-dire que de vingt-trois le nombre en est réduit à seize. C’est encore beaucoup trop. Mais le mal était trop grand pour que l’on put dans un premier effort le faire disparaître complètement. Nous devons, avec tous les amis de l’ordre et de la décence, des remerciements sincères à tous les hommes de coeur qui n’ont pas craint d’appliquer un frein aux terribles excès dont notre ville (Saint-Jean, 3 300 habitants en 1861) a offert de trop fréquents exemples depuis quelques années…. Nous espérons voir le nombre des auberges réduit au strict nécessaire”.

Source: Le Franco-Canadien, 18 avril 1862, page 2.

Illustrations: Archives de la Société d’histoire, l’hôtel Balmoral, au 2222 avenue Bourgogne. Le Grand Hôtel. Remarquez l’architecture caractéristique avec les galeries couvertes.