Dorchester : le Grand Retour !

André Corbeij

CHAMBLY – Voilà près de 25 ans, André Dandurand et son groupe Dorchester, de Chambly, prenait d’assaut la scène grunge/rock alternative de Montréal pendant quelques années, y laissant une empreinte assez importante pour y remplir une salle de spectacle au début du quart de siècle suivant. L’histoire du groupe ressemble à celle de milliers d’autres. Une bande de ti-culs de 14-15 ans qui se retrouvent à «jammer» dans le sous-sol de la maison familiale pour le simple plaisir de l’exercice et qui sait, de devenir peut-être populaire un jour…

André Dandurand qui a remonté son band Dorchester le 24 novembre dernier à La Croisée des chemins, à Chambly a retrouvé le plaisir de jouer sur scène avec ses vieux potes du secondaire. Les gars n’avaient rien perdu de leur touche. Tout était sur la coche, pour reprendre une expression bien connue. Maintenant âgés au début de la quarantaine, les gars affichent toujours la même dégaine juvénile, mais avec une maturité dans le jeu qui soulève l’admiration. Nul doute qu’ils sont de meilleurs musiciens aujourd’hui. Il y aura-t-il une suite à cette réunion ? Une histoire à suivre.

André Dandurand : une leçon de vie

L’histoire du chanteur de Dorchester n’est pas banale. Né sans jambes, il a dû affronter toute sa vie le regard et les remarques déplacées des autres. Avec l’âge, il a bien vite compris que l’humain était capable du meilleur, comme du pire.

«Tous les jours, je suis confronté au regard des gens. Mais tu apprends à vivre avec ça. À l’époque de ma naissance, on appelait ça une «erreur de la nature». J’ai appris jeune à m’adapter à mon environnement. Une année avant que mon père décède du cancer, il était venu à l’école de Salaberry dans ma classe de maternelle pour expliquer aux autres enfants pourquoi j’étais né comme ça et que malgré le fait que je sois né sans jambes, j’étais comme tout le monde et que je pouvais être amis avec tout le monde. Ç’a comme été un déclencheur. Cette journée-là, malgré mon jeune âge, j’ai réalisé que je pouvais être comme tout le monde. Je suis devenu populaire dans ma classe et à partir de là, je me suis fait des amis et ça a n’a jamais arrêté depuis. Même si je suis un gars un peu timide au premier abord, je suis facile d’approche. Quand la confiance est installée, tout baigne. Comme tous les enfants, je me suis fait écoeurer. J’ai été chanceux de me retrouver toujours avec les bonnes gangs de chums. Ils m’ont souvent protégé», raconte André.

Dorchester : la petite histoire

Nous sommes au début des années 1990. André Dandurand se lie d’amitié avec le guitariste François Marsan. Dans son cercle d’amis il y a aussi «Bitou», le batteur. Le bassiste Jean-Sébastien Tremblay s’ajoute au groupe. Dorchester sera officiellement lancé en 1994. Rapidement, le groupe se met à composer ses propres chansons. À ce jour, il en a une bonne quinzaine dans sa besace.

Le groupe fera la tournée des bars montréalais, récoltant beaucoip de succès succès. SONY a même approché le groupe pour réaliser un projet qui n’aura pas de suite.

«Quand SONY m’a approché, ils m’ont demandé de laisser tomber les gars du band pour concentrer le produit sur mon image. J’ai refusé le projet. François était mon «partner» à la composition depuis le début et il n’était pas question de poursuive l’aventure sans lui. Avec le recul, oui, ce fut une opportunité incroyable que j’ai laissé filer, mais pour moi, le but initial était de faire de la musique avec mes chums et d’avoir du plaisir, au-delà d’être connu. Moi je n’ai jamais voulu devenir une vedette. Ce n’est pas une finalité», explique André.

La présence active de Dorchester sur la scène musicale alternative durera un presque 7 ans. « On a jamais perdu le contact. Aux deux trois ans, on se fait des «get together», pour ne pas perdre la main et retrouver le fun qu’on a à jouer ensemble nos compos et les grands hits de notre époque grunge des groupes qu’on aime : Pearl Jam, Nirvana, Stone Temple Pilots, Pixies, Radiohead, Neil Young, de sa période des années 1990, grunge et rock sale», mentionne André.

Le 24 novembre donc, Dorchester se produisait à Chambly devant une salle comble qui s’était remplie en prévente en un claquement de doigts. Le groupe annonce qu’il remettra ça le 15 décembre au même endroit.

«On a ajouté une deuxième date parce que plusieurs de nos amis n’ont pas pu avoir la chance de nous voir. On va faire ça un peu différent pour ce spectacle et nous ramènerons des vieilles chansons que nous n’avons pas jouées le 24 novembre. À savoir s’il va y avoir une suite pour Dorchester, on ne se met pas de pression. On laisse les choses aller. À l’été 2019, ça fera 25 ans que Dorchester existe. On aimerait ça faire quelque chose de spécial pour souligner ça. Mais pour l’instant, on a du fun à jouer devant nos amis», conclut André.

Photographies : André Corbeij © / Journal le Montérégien