Filmer ou ne pas filmer les assemblées du conseil ?

ROUVILLE – Le débat entourant l’interdiction de filmer les assemblées des conseils municipaux au Québec demeure entier. Ce matin, sur les ondes de Radio-Canada-Première, le maire suppléant de la Ville de Chambly Jean Roy, a réitéré les propos publiés hier dans notre quotidien web en rappelant que le règlement adopté par la Ville de Chambly visait l’interdiction de filmer par les gens dans la salle.

Le maire suppléant s’inquiète du fait que les images et le contenu discuté aux assemblées pouvait s’exposer à être diffusé hors contexte à des fins politiques et/ou partisanes et surtout que cela pouvait intimider les personnes à venir prendre la parole au micro.

Invité sur le même panel pour s’exprimer, le citoyen et candidat défait aux dernières élections municipales Patrick Dufresne a expliqué son point de vue.

«J’aimerais rappeler que nous avons publié l’intégrale des séances du conseil. Nos adversaires arguent que c’est seulement certaines parties de la captation qui est diffusé pour vouloir aller à l’encontre des sources. Moi, toutes les vidéos qui ont été captées lors des séances ont été mises de façon intégrale sur Facebook et même été publiée en «live». Donc on ne peut pas trafiquer au fur et à mesure la diffusion».

Ce dernier a également rappelé que l’opposition qui était forte et bien rassemblée cette année, n’aurait peut-être pas plu au parti au pouvoir.

«Il y a eu très peu d’opposition à Chambly. Ça ne faisait peut-être pas l’affaire des gens en place. Nous avons quand même fait élire deux conseillers. La meilleure des choses que je demande à la Ville, c’est qu’elle le fasse d’elle-même (la webdiffusion). Moi-même, il y a des soirées où j’aimerais mieux rester à la maison avec ma jeune famille et de pouvoir avoir accès à une captation de la séance du conseil. Ce serait déjà un très bon point. Même si la captation audio est disponible, il faut en faire la demande, prendre rendez-vous et se déplacer à l’hôtel de ville sur les heures d’ouverture pour l’écouter. La contrainte demeure la même pour ceux et celles qui ne peuvent pas se déplacer. J’ai parlé à des centaines de citoyens et je leur ai posé la question. Ils ont dit oui à une diffusion web qui leur permettrait de suivre les déroulements de la ville, de savoir ce qui s’y passe», a expliqué Patrick Dufresne.

De son côté, Marie-Ève Martel, porte-parole de la FPJQ et journaliste à La Voix de l’Est, a rappelé que la diffusion par captation filmée, que ce soit par téléphone cellulaire ou par caméras de stations de télévision professionnelles, demeurait la façon de rapporter les faits des élus aux citoyens qui n’ont nécessairement le temps de se rendre aux assemblées du conseil.

«De tolérer la présence de caméras ou des téléphones cellulaires, pour nous, ça représente une façon de permettre aux autres citoyens de prendre connaissance de ce qui se passe. C’est le droit du public à l’information qui est menacé avec ce genre d’interdiction. Nous demandons de tolérer la captation d’images par les journalistes et de ne pas l’interdire afin que nous puissions faire notre travail. Pour ce qui est de la webdiffusion, ce sera aux villes de le faire», a mentionné Marie-Ève Martel.

Selon Marc-Antoine Dilhac, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en Éthique publique et théorie politique, il apparaît important que le gouvernement prenne les mesures pour assurer la diffusion des conseils municipaux.

«Il s’agit de légiférer et rendre obligatoire le droit à la diffusion, de sorte à ce que les municipalités se donnent des moyens de diffuser l’information. La diffusion web est un média qui est aujourd’hui incontournable. Tous les citoyens ne peuvent pas se déplacer. Ce n’est pas parce qu’il y a juste une minorité qui le demande qu’elle n’a pas le droit à la parole et à voir leurs droits respectés. Le droit à l’information est un droit que la majorité et la minorité doivent avoir», a expliqué, M. Dilhac.

Le Montérégien a demandé le point de vue sur la question à une autre municipalité de son territoire, la Ville de Richelieu pour la nommer.

La Ville de Richelieu possède une réglementation qui régit l’utilisation du matériel d’enregistrement dans salle du conseil durant les assemblées. Il est écrit à l’article 15 du règlement que : l’utilisation de tout appareil photographique, de caméra vidéo, de télévision ou autre est prohibée, sauf lors de la période de questions à la fin de la séance.

«Cette réglementation date de 2005. Il faudrait voir avec le conseil s’il y aurait lieu de la mettre à jour. La Ville n’enregistre pas sur bande audio les séances du conseil. Les citoyens peuvent consulter sur le site web de la Ville les procès-verbaux après les assemblées.  La captation pour le web entraîne des coûts à une municipalité. Il faut des caméras et du personnel. S’il y a une situation ou une demande faite en ce sens, ce sera aux membres du conseil d’analyser la situation. Pour l’instant, nous n’avons pas de problématique à Richelieu», nous a confié le directeur général Daniel De Brouwer.