Hourra! Alléluia!

 Lise Perreault

ENVIRONNEMENTAh, la lourde menace écartée! Celle du transit de 1 100 000 barils de pétrole lourd par jour. Ah, merci aux chers opposants… quoique, personnellement, ce mot m’agace. Car les opposants, ils sont souvent «pour»…

Pour cet abandon du projet d’oléoduc Énergie Est! Pour les 830 cours d’eau ainsi épargnés. Pour l’énergie renouvelable. Ou alors, nous serions tant d’opposants? Ne sommes-nous pas plutôt des gens volontaires, de plus en plus nombreux au Québec, qui sont pour une orientation énergétique propre? Car c’est indéniable, à l’annonce de cette nouvelle, le Québec a émis un immense soupir de soulagement, un ouf d’un seul souffle! «La Belle Province» se démarque du Canada par ce sentiment d’intense soulagement.

Soulagement. Pour le maire de Saint-Augustin-de-Desmaures, Sylvain Juneau :  «C’est une excellente nouvelle. […] Chez nous, les enjeux étaient majeurs […], on passe sous le fleuve. C’était, je dirais, l’endroit le pire, en tout cas, ils étaient tous pires un peu partout, mais reste que le fleuve, c’est un point névralgique.» Même son de cloche pour le maire Régis Labeaume : «C’est nous qui étions les plus vulnérables là-dedans, le fleuve est au gouvernement, mais ça s’adonne qu’il traverse le Québec. Pour nous, c’est un danger qui est écarté, ça fait que : bravo!»

Quand on parle du fleuve, je crois que c’est viscéral, on ne veut pas y toucher, et pour cause, le fleuve abreuve 40% des Québécois. Quand on sait qu’un seul litre d’hydrocarbure rend impropre à la consommation un million de litres d’eau, ça fait frémir. On ne s’oppose pas à une menace, on la repousse.

Le 5 octobre s’est spontanément élevé un chœur de voix unanimes… Denis Coderre : «C’est une très, très bonne nouvelle! C’est une victoire extraordinaire…» Victoire, oui, un autre mot juste qui réjouit des dizaines de groupes environnementaux et citoyens, pour n’en nommer que quelques-uns : victoire pour Suzuki et les bélugas blancs, pour le Regroupement vigilance hydrocarbure Québec (RVHQ), Victoire à Équiterre, à Eau secours, à Nature Québec, à l’Union des producteurs agricoles (UPA)… 75% du tracé du pipeline devait passer en terres agricoles…, terres qui réclament beaucoup d’eau.

J’espère qu’on s’en rappellera, de cette victoire, parce qu’il y a d’autres projets périlleux qui nous cernent. Il ne faut pas oublier les mots de tous ces gens soulagés, de Jean-François Lisée : «Le Québec n’est plus menacé dans son intégrité territoriale». En cas de récidive de l’une ou l’autre gazière-pétrolière, face au laxisme de nos gouvernements à leur égard, il faudra le réitérer, notre refus de risquer notre intégrité territoriale.

Cette victoire, qu’elle soit une poussée de conscience. Je retiens ces mots de ce producteur laitier (RDI), Stéphane Sansfaçon, parlant de la résistance des citoyens et agriculteurs dans cette victoire: «La barre va être haute pour les prochains, si ce n’est pas Énergie Est, si c’est quelqu’un d’autre… On va être prêts […] à lancer une autre bataille contre eux autres pour prouver que ce n’est pas nécessaire d’avoir un oléoduc sur notre territoire.»

Victoire enfin, pour les citoyens muets qui s’inquiètent sans trop comprendre, parfois, les enjeux énergétiques, qui s’inquiètent, parce que nous le savons, au Québec, que l’eau demeure notre fleuron national.