J’en mettrais ma main au feu !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Expression très ancienne. Elle tend à prouver la vérité d’un fait. C’est la preuve absolue, l’argument final. L’épreuve du feu était considérée au moyen-âge comme étant le jugement de Dieu, aussi appelé “ordalie”. Si l’accusé dit vrai, Dieu qui sait tout, épargnera le coupable des brûlures. Du moins sa main guérirait en dedans de trois jours.

De nos jours, celui qui affirme mettre sa main au feu ne passe rarement, disons jamais, à l’acte… sauf, un jour à Sorel, en 1796, où on aurait assisté à quelque chose de semblable.

Un homme nommé Jean Pailly (Paillé, Payet) est trouvé assassiné dans son logement. Cet acte sanguinaire crée naturellement une excitation intense dans tout le village. Une enquête est faite, mais aucun indice ne menait sur la piste d’un coupable.  Restait le recours à l’épreuve ultime, l’ordalie du toucher. C’est une croyance voulant que, si le coupable touchait le cadavre, du sang jaillirait du corps.

Le corps de la victime, la tête et la poitrine découvertes, est alors exposé au public sur la place du marché. Une ordonnance est émise obligeant, sous peine d’emprisonnement, tous les hommes de la ville au-dessus d’un certain âge de se présenter séance tenante. Même la garnison militaire défile devant le cercueil.

Évidemment aucun signe par le sang ne se produit. Tous s’en réjouissent. Le procès est clos.  Il n’y a pas d’assassin dans le bourg. Toute la ville en sort purifiée.

Références:

(White, Walter S. The History of Sorel, 1642-1958, Imprimerie Bernard, vers 1957, 173 pages. Page 75).

Illustration. Wikipedia.