Jonathan Sills-Martel, Maréchal-Ferrant : gardien de la tradition !

 André Corbeij

RICHELIEU – Le fond de l’air était frais en ce samedi matin de décembre du côté du Rang de la Savane à Richelieu. Jonathan Sills-Martel m’avait donné rendez-vous au Centre Équestre Gilles Godbout pour nous parler de son métier et de sa passion: maréchal-ferrant. Eh oui vous avez bien lu.

Plusieurs pensent que ce métier vieux de plus de 2000 ans, n’existe plus. Eh bien tant qu’il y aura des chevaux, il y aura des maréchaux-ferrants !

«Les yeux des gens s’écarquillent que je leur dis que je suis maréchal-ferrant. Un cheval se doit d’être ferré aux six à huit semaines. La corne des sabots pousse toujours. Comme les ongles chez les humains. Il faut bien entretenir les pieds d’un cheval, sinon il pourrait avoir de sérieux problèmes, car la corne ne pousse pas à la même vitesse sur chaque pied ni dans la même direction. Dans les cas extrêmes, le cheval peut avoir de la difficulté à se mouvoir. Et dans le cas d’un cheval sportif, ses performances pourraient en être atteintes, les risques de blessures allant en augmentant», explique Jonathan, qui est un véritable puits de connaissances en matière de soins pour les chevaux.

Le parcours

Âgé de 32 ans, natif de Montréal, et après avoir grandi à Longueuil, Jonathan est venu s’installer à Marieville.

«Depuis que je suis haut comme trois pommes, j’ai toujours «tripé» sur les chevaux. Mais être propriétaire de chevaux est une passion qui est dispendieuse. Je viens d’une famille où mes parents travaillent en informatique. Je suis donc allé faire mes études en informatique puis un beau jour, au début de la vingtaine, je me suis payé la traite en me payant des cours d’équitation», explique Jonathan.

C’est en rencontrant sa conjointe Carol-Ann, qui possédait un cheval, qu’il entrera contact avec un maréchal-ferrant.

«Étant curieux de nature, j’ai voulu voir comment on ferrait un cheval. Au début, je ne voulais que trimer la corne au bout des sabots, faire l’entretien des pieds de base, pas mettre les fers», mentionne Jonathan.

Puis arrivera le grand saut dans le métier dont le déclencheur sera une réorientation de carrière. Il suivra des cours fera son apprentissage puis fondera récemment sa propre entreprise : Jonathan-Sills Marchal-Ferrant.

«Avoir une clientèle comme maréchal-ferrant, ça se bâtit uniquement par le bouche-à-oreille. Avoir un nouveau client, cela dit que l’on a eu une bonne référence de quelqu’un d’autre. Au Québec, les gens aiment beaucoup leurs chevaux et veulent en prendre soin. Ils ne veulent pas que ce soit n’importe qui s’en occupe. Dans ce métier, il y a une confiance et une loyauté qui s’établit. Connaître l’historique du cheval, ses préférences, ça permet de faire un travail plus adapté», explique Jonathan.

Quand il a suivi son cours de maréchal-ferrant, Jonathan ne pensait pas en faire un métier à temps plein. Il désirait seulement avoir les connaissances pour pourvoir aux soins de ses propres chevaux. De fil en aiguille, il s’occupera de ceux de ses amis.

«Ce qui est arrivé, c’est que j’ai perdu mon emploi en informatique. J’ai entendu parler du programme STA (soutien aux travailleurs autonomes) de la MRC de Rouville. J’ai trouvé ça intéressant et je me suis dit, voilà peut-être ma chance de pouvoir vraiment vivre de ce que j’aime et de faire le métier que je rêve depuis que je suis haut comme trois pommes. Ma demande a été approuvée à la MRC et j’ai pu profiter du programme STA. C’est ce qui m’a vraiment donné l’élan pour me lancer en affaires», explique Jonathan qui, au même moment, recevait des offres d’assistances de deux maréchaux-ferrants qui étaient débordés. Ce qui lut a permis d’avoir un petit revenu et de se faire connaître.

Jeune entrepreneur donc, qui vit sa passion au quotidien, Jonathan Sills-Martel voit l’avenir avec optimisme. Il offre un service de maréchal-ferrant itinérant, c.-à-d. qu’il se déplace avec son équipement pour faire son travail chez les propriétaires de chevaux.

«Au Québec, il y a trop de chevaux pour la quantité de maréchaux-ferrants en activité. Il y en a 300 enregistrés pour un seul maréchal-ferrant, qui ne peut à lui seul, que s’occuper de 200 chevaux par année. Moi, je concentre mes activités dans la grande région de Montréal, la Montérégie et l’Estrie. Le besoin est grand, mais il faut avoir les compétences pour le faire. J’ai eu la chance d’avoir fait ma formation au Missouri, aux U.S.A., à la Heartland Horseshoeing School. Travailler avec les animaux est vraiment un privilège. Je me compte très chanceux de pouvoir le faire », conclut Jonathan.

Samedi dernier, Jonathan Sills-Martel était allé ferré sa jument tora quarter horse Miss Cool Kate, en pension au Centre Équestre Gilles Godbout, à Richelieu. (Photo : André Corbeij ©)

Pour rejoindre Jonathan c’est par ici :

https://www.facebook.com/JSMFarrier/