L’art de priser le tabac, une chic mode disparue !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – À l’heure de la promotion du cannabis et des lois contre le tabac, peut-on se rappeler que l’histoire a connu une mode très élégante d’utiliser le tabac. Eh oui !

Je ne parle pas du tabac à chiquer qu’on mastiquait en salivant, avant de cracher l’excédent de jus brunâtre ! Brunâtre à la couleur des dents du masticateur ! Je ne parle pas de tabac à fumer, sous toutes ses formes, cigares, pipe, cigarettes ou autrement, qui rendait l’atmosphère brumeuse d’un nuage grisâtre…

Je rappelle ici la mode grande classe de sniffer une poudre extraite du tabac. On en vendait dans les commerces en boîtes métalliques rondes. On se dotait de tabatière luxueuse.

Même les femmes s’y adonnaient joyeusement. Dolley Madison, l’épouse, “first lady” du président américain du même nom, était une adepte de marque. À Chambly, Mme Hermine de Salaberry sniffait !

Un cérémonial, un rituel accompagnait dans les salons cette coutume. On devait d’abord présenter à l’assistance la tabatière, qu’on tenait dans la main droite, frapper sur le côté de la boîte, l’ouvrir de la main gauche et faire humer, pincer le tabac avec la main gauche, tenir le tabac quelque temps avec les doigts, porter au nez, renifler avec justesse des deux narines, sans grimaces… et savourer.

Aujourd’hui le tabac est tabou. Mais je parie qu’on fera de la marie-jeanne un semblable honneur dans les salons.

Autrement dit, on verra le cannabis faire un tabac ?

Illustration. Internet. Le journal Le Sorelois, 14 novembre 1882.