Le drainage de la rivière des Hurons en 1890

 Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Le dragage de la rivière des Hurons a été, dans les années 1890, l’objet d’un débat à la Législature de la Province de Québec. Le premier ministre d’alors, l’honorable Honoré Mercier, justifie en chambre ces travaux de drainage, les premiers dans cette rivière. Voyons ce que les parlementaires en ont dit:

« C’est sur les représentations du député de Rouville, dit Honoré Mercier, que le gouvernement a envoyé son ingénieur, M Vallée, visiter les lieux et faire rapport. Le cas semble particulièrement digne de l’attention du gouvernement. La rivière, dont le lit s’est graduellement rétréci par des amoncellements de sable et d’autres matières, inonde ses rives sur un parcours de près de 12 milles, causant des dommages énormes aux cultivateurs dont les terres sises dans la vallée, sont les plus basses, en même temps que les plus fertiles. Pour faire disparître le mal, il s’agit de creuser le lit de la rivière au moyen de dragueurs et d’enlever un certain nombre de grosses pierres qui entravent l’écoulement des eaux. Le coût serait de 24 000 $ à 27 000 $… Des travaux semblables ont été entrepris dans les environs de Lacolle au coût de 15 000 $… Dans ce cas-ci, les cultivateurs sont prêts à contribuer eux-mêmes aux travaux, si le gouvernement veut leur venir en aide. Le travail sera fait par sections et durera quatre années… »

Le jeune député de Rouville, Alfred Girard (1859-1818), avocat, libéral, « retenu chez lui par une pénible maladie », invoque, par un porte-parole, que « ce creusage consiste à rendre à la culture d’immenses étendues de terre que la nature avait rendues inaccessibles aux laboureurs… ». À quoi réplique le vieux député d’opposition Jacques Picard (1828-1905), notaire conservateur du comté de Richmond : « Ce n’est pas aux cultivateurs riches des vieilles paroisses que le gouvernement devrait venir en aide, mais aux pauvres colons et défricheurs pour lesquels il ne fait rien. Si les cultivateurs de Rouville trouvent que les eaux gênent leur culture, qu’ils fassent eux-mêmes les travaux.  Si jamais les électeurs de M Picard ont connaissance de ce qu’il vient de dire, ils lui en demanderont certainement un compte sévère”. !!! (Débats de la Législature de la Province de Québec, année 1890, A-22).

Précisons que la rivière des Hurons s’étire sur environ 33 kilomètres (± 20 milles) et reçoit les eaux de 25 ruisseaux. Nous ne rappellerons pas ici la lutte en 1978-79 pour la dépollution de la même rivière des Hurons. Mais nous saluons les initiatives actuelles entreprises par l’UPA pour la protection des berges.

 Photographie : André Corbeij © / Journal le Montérégien