Le magasin d’Irénée Auclaire à Fort-Chambly !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – À l’angle de l’avenue Bourgogne et de la rue de L’Église, à Chambly-Canton, (comme on disait autrefois), une monumentale maison d’un bleu aujourd’hui aussi marine que l’océan, saluait le trafic passager du haut de ses deux étages.Ce carrefour de rues très achalandé était au coin du chemin no 1 reliant Longueuil à Granby, et de l’ancienne “Military Road”, appelé aussi “Chemin de Chambly à Saint-Jean”.

Après avoir traversé le pont du canal (supprimé en 1975), l’automobiliste devait bien s’y arrêter  pour quelques nécessités. Sans oublier qu’en face du magasin Auclaire, se trouvait la boulangerie centenaire (aujourd’hui le “Garde-manger de François”).

Inutile de rajouter que la proximité de l’église Très-Saint-Coeur-de-Marie lui ajoutait le dimanche un achalandage commercial béni des dieux. Cette grande résidence avait de la classe, avec sa galerie ornementée. Aujourd’hui elle a de l’histoire. Hélas, tout récemment deux jeunes et audacieuses boutiques ont fait revivre pour un temps les belles heures du commerce Auclaire. Elles ont quitté, tout comme la fromagère avant elles, et l’atelier de tatouage avant le fromage. Le bâtiment est aujourd’hui en vente.

Cette maison commerciale, appartenant à Irénée Auclaire (1858-1948), ex-instituteur, échevin municipal, maire et marchand général, offrait à l’étage une salle de rencontre. C’est là que se rassemblaient les officiers des associations, comme l’Ordre des Forestiers catholiques, l’Association du Service civil de Chambly, et combien d’autres.

Au rez-de-chaussée, côté droit, le magasin avec ses tablettes de produits au mur, le comptoir où l’on emballait à partir d’un rouleau de papier brun la marchandise périssable, au centre la chaufferette servant de fournaise, la chaise et le bureau du gérant. C’était l’époque où le consommateur achetait à crédit et faisait “marquer son achat dans le grand “ledger”. L’épicier de l’époque devenait un collecteur de créances à l’automne. La partie gauche de la maison servait de logis à la famille.

Finie l’ère des commerces familiaux, où on magasinait aussi les nouvelles du quartier. Ou peut-être que non. Qui sait ?

Photographies : Archives de la Société d’histoire, Fonds P225. Collection Lauraine Pepin. La Société d’histoire conserve les livres de compte du magasin Auclaire et les procès-verbaux des associations.