Le Roi Arthur

Un coup d’épée dans l’eau

Ratage sympathique avec de subtiles effluves Ritchiennes, film générique en particulier dans sa deuxième partie, “Le Roi Arthur, La Légende d’Excalibur”, premier bide majeur de la saison estivale, n’est pourtant pas totalement dénué d’intérêt. Ce long métrage nous rappelle, à bien des égards et sans réellement le vouloir, deux grands classiques de la comédie, soit “Monty Pyton and the Holly Grail” et “Dungeons and Dragons”.

Malgré toute cette bonne volonté, ce n’est pas suffisant pour sauver le film de l’insignifiance et le pauvre spectateur, d’une torpeur mortelle. Les attentes étaient pourtant élevées. Guy Ritchie avait réussi avec un certain succès à dépoussiérer les aventures de Sherlock Holmes et d’ailleurs, les premières minutes du film laissaient présager non pas un chef-d’œuvre, mais un film d’été agréable et honnête.

Alors que ne fut pas ma déception d’assister, impuissant, à ce naufrage téléguidé par un Warner, sans doute désireux de reproduire un succès à la « Lord of the Ring ». Il y a quelque chose de profondément triste à voir Guy Ritchie s’embourber de façon aussi magistrale dans son propre film.

Sa signature iconoclaste s’altère rapidement, dans un ramassis générique de n’importe quoi, comme si, fatigué de ses propres effets visuels, le réalisateur avait décidé de prendre des vacances en plein tournage. Les effets spéciaux semblent tout droit sortis d’un mauvais jeu vidéo des années 90. Comment diable est-il possible, en 2017 et avec un budget aussi colossal, d’avoir une scène initiale avec des éléphants ressemblant davantage à « L’étrange créature du lac Noir » qu’à un Dumbo sympathique?

Que dire maintenant de l’histoire, si ce n’est que le pauvre Geoffroy de Monmouth doit se retourner dans sa tombe. Les scénaristes ont grappillé des éléments de la légende arthurienne, ici et là, sans aucun souci de cohérence, pour les transposer dans une sorte d’heroic-fantasy insipide.

Ce parti pris assumé aurait pu être rafraîchissant si cette histoire n’avait pas été qu’une succession de clips incohérents, de flash-back incessants et de situations parfois grotesques. Nous retrouvons donc notre héros à devenir, émule d’un Oliver Twist des temps passés, dans une maison close, temple des plaisirs ludiques, à Londinum, ville sans doute voisine de Babaorum et de Landanum. Rendons tout de même à Guy, ce qui appartient à Ritchie, Charlie Hunnam, en roi Arthur décoincé, est totalement crédible même s’il s’éloigne de la mythologie initiale du personnage.

Pour en revenir à l’histoire, M. Pendragon, chapeauté par des péripatéticiennes au grand cœur et par ses compagnons cleptomanes, se retrouvera par inadvertance devant la fameuse épée plantée dans un rocher, qu’il réussira à extraire en un claquement de doigts. Le méchant de service, Vortigern, un Jude Law unidimensionnel à souhait, régnant étonnamment sur un royaume sans « Law », comme si ce n’était pas du déjà vu, fera tout pour retrouver l’intrépide extracteur. S’ensuivra de nombreuses batailles, une rébellion, de l’amour, de la tendresse et même, lors de la scène finale, une apparition surprenante et incongrue (et non, je ne parle pas ici de M. Beckham), celle du serpent de Voldemort, visiblement égaré de film.

Je vais laisser ici le mot final de cette critique caustique à un spectateur anonyme qui sut trouver les mots justes pour résumer le film, à la descente du rideau. Une fois l’écran enfin éteint et la lumière revenue dans le cinéma désert, l’individu, visiblement éméché, se mit à chanter à tue-tête avec la ferveur d’une Samatha Fox de vingt ans : “Chevaliers de la table ronde, dites-moi si le film est bon…”.

Et l’alcoolo, à ma grande surprise, répondit à sa propre question par un « NON » retentissant…

Le critique caustique

 

BANDE ANNONCE