Les Filles !

OPINION – Depuis plusieurs années, les femmes ont mené des combats pour faire reconnaître leurs droits. Elles ont réussi à améliorer leurs conditions, surtout au Québec (sûrement parce qu’on a sorti la religion de nos institutions), mais il reste encore beaucoup à faire.

Pour qu’une femme puisse avoir plus de chances de réussir, je crois qu’elle devrait partir avec une chance égale dès le berceau. Maintenant, la majorité des futurs parents demandent le sexe du bébé lors de l’échographie. Pourquoi demander le sexe avant la naissance ?

Plusieurs répondront que ça leur permet de décorer la chambre du bébé et/ou que les invités sachent quoi donner lors du «shower» de bébé. Ça veut dire qu’une petite fille est condamnée, dès sa naissance, à vivre dans le rose, à recevoir des poupées, à porter des robes et autres vêtements qui nuiront lorsqu’elle voudra marcher à quatre pattes ?

Dès qu’elle grandira, on lui dira «fais attention pour ne pas te faire mal», on la découragera d’être trop téméraire, on l’inscrira à des cours de danse ou de gymnastique artistique. Rapidement, elle sera séparée des garçons dans plusieurs sports, car les garçons sont trop «tough» !

Combien de fois, sans même le remarquer, posons-nous des gestes en ramenant la petite fille à un rôle de gentillesse, de fragilité, d’obéissance et de tranquillité ? Si elle déroge, on dira qu’elle est «tomboy» ou un  «p’tit gars manqué».

Elle sera à peine une préado qu’elle sera bombardée de publicités et d’articles dans des magazines de «filles» qui lui diront déjà que son physique, c’est ce qu’il y a de plus important dans sa vie!

Elle doit être très mince, s’habiller sexy, se maquiller et plaire. Elle doit faire tout cela pour rencontrer l’homme de sa vie. Le but ultime de chaque fille n’est-il pas de rencontrer l’amour avec un grand A ?

Alors que les garçons ont encore le nez dans leurs legos, les filles doivent se préparer pour rencontrer leur prince charmant…

Plus tard viendra le langage vulgaire qui discrimine plus les jeunes femmes et les femmes que les hommes. Des mots comme «pute, salope, vache, hystérique, bitch, agace», pour ne nommer que ceux-ci. Maintenant, je vous mets au défi de trouver le masculin de ces mots qui auront un impact aussi grand que les mots féminins.

Je ne détiens pas la solution, mais si on ne connaissait pas le sexe du bébé avant qu’il vienne au monde, on préparerait une chambre neutre, on achèterait des vêtements neutres, des jouets neutres et des livres d’histoires neutres.

Si par la suite, on lui permettait et on l’encourageait à explorer le monde, on l’aiderait à développer toutes ses compétences. Si on abolissait tous les magazines de «filles» et qu’on lui donnait plus des revues comme «Les Débrouillards» ?

Des revues où l’on expérimente les sciences… domaine qui manque terriblement aux filles. Si on portait plus attention aux paroles que l’on dit, on pourrait être moins discriminatoire dans l’éducation de nos jeunes filles.

Comme j’ai toujours dit à mes enfants : «dans la vie, il n’y a pas des choses de filles ou des choses de gars, il y a juste des choses que l’on aime faire».  Les filles autant que les garçons devraient choisir leur sport, loisir et métier en fonction de ce qu’ils aiment vraiment. Mais pour permettre cela, il faut que l’ensemble des adultes prennent conscience de l’importance de l’influence que leurs propos auront sur leurs filles et leurs garçons.

Il y a un proverbe qui dit que «Tous les êtres humains naissent égaux», si c’est vrai, ça voudrait dire qu’une fois devenus adultes ils devraient l’être encore!

Marie-Hélène Gagnon

Saint-Césaire