Marc-André Moreau vivra les J.O. de Pyeongchang en direct !

 André Corbeij

CHAMBLY – Le compte à rebours est commencé pour Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang. L’événement aura une saveur locale alors que le Chamblyen Marc-André Moreau sera sur le terrain pour superviser la délégation canadienne de ski en free-style

Récemment, je donnais rendez-vous à Marc-André Moreau au Presse Café, à Chambly, qui est devenu notre deuxième bureau pour mener nos entrevues sur le terrain. L’homme était sagement assis dans un coin, ordi à la main et  affichait sa forme olympienne, comme toujours.

Il en a coulé de l’eau sous les ponts depuis 2006, l’année où Marc-André a raté de peu le podium olympique en bosses à Turin. Il y avait effectué sa meilleure descente à vie, sous les cris nourris de Jean-Luc Brassard, qui décrivait l’épreuve à la télé. Marc-André avait terminé la finale olympique 4e… le pire scénario qui puisse arriver à un athlète.

« Je conserve de bons souvenirs de Turin. Je ne suis pas amère. Je ne cacherai pas que la journée même, ç’a été un dur coup. Être si proche d’une médaille olympique et avoir travaillé si fort… Mais je crois que ça m’a aidé à devenir un meilleur entraîneur. Une expérience qui m’aura permis d’avoir une certaine profondeur pour amener les filles sur le podium à Sotchi», explique Marc-André.

Cette épreuve lui aura effectivement permis de vivre de grands moments de gloire. On se rappelle qu’après sa carrière comme athlète, Marc-André était devenu entraîneur de l’équipe féminine nationale des bosses . C’est lui qui a amené les sœurs Dufour-Lapointe sur le podium à Sotchi en 2014… ses plaies étaient cicatrisées.

Marc-André immortalisé dans les instants qui ont suivi sa superbe descente à Turin en 2006… Il venait d’obtenir une marche sur le podium… avant que le dernier compétiteur, l’Australien Dale Begg-Smith, l’en déloge.

Nouvelle vie

Douze ans après les J.O. de Turin, Marc-André, qui a 35 ans aujourd’hui, coule des joueurs heureux avec sa petite famille à Chambly. Il a deux garçons. Sa vie professionnelle est toujours aussi active. Il a pris même du gallon. Depuis 2014, il est directeur du programme haute performance en ski pour Free style Canada.

« Mon rôle est un peu différent. Comme entraîneur, j’étais sur le terrain avec les athlètes. Maintenant, je m’occupe du côté stratégique. Mettre en place les plans avec les entraîneurs et leur fournir tous les outils dont ils ont besoin. Je m’occupe des relations avec le gouvernement, car le programme est financé par ce dernier à 90 %. Ma job ressemble un peu à celle d’un directeur général pour une équipe de hockey. Je me rends sur le terrain avec les équipes seulement lors des événements majeurs comme chef de mission, notamment pour les Coupes du monde importantes au Canada et bien sûr, les Jeux olympiques. Je suis passé d’un horaire de 200 jours en dehors de la maison à 100 jours», explique Marc-André.

Le Canada : encore la référence en bosses

Avec les Audrey Robichaud, les sœurs Dufour-Lapointe et un Mikaël Kingsburry qui domine la discipline sur la planète, le Canada est encore pressenti pour remporter son lot de médailles à Pyeongchang.

« Mikaël est toujours au top. Il a commencé très jeune et il progresse encore. Ce qui est vraiment exceptionnel. Il a 24 ans et il maîtrise son art comme personne. Il est dans une catégorie à part. Il y a quelques joueurs qui commencent à se rapprocher de lui. L’Australie et la France produisent de très bons bosseurs. La plus grosse menace pourrait venir du Japon avec un le nouveau venu Hara Daichi. Encore aujourd’hui, Mikaël demeure le meilleur athlète de tous les temps en bosses. Avec un bon programme adapté pour son âge, il n’a plus 18 ans, il serait est encore bon pour un autre cycle olympique après Pyeongchang. Je n’ai jamais vu un athlète aussi passionné pour son sport», mentionne Marc-André.

Justine Dufour-Lapointe est la championne olympique. Comme Kingsburry, elle est déjà préqualifiée pour les J.O., tous deux réussissant de bons résultats en Coupe du monde et en championnat du monde.

«Pour eux, les prochains mois demeurent une formalité. Les Coupes du monde leur serviront de préparation pour les J.O. de manière à bien rester concentrées sur leurs objectifs», explique Marc-André.

Le Québec produit depuis plus de deux décennies des bosseurs qui ont inscrit la discipline dans les livres d’histoire. Marc-André explique les succès du Canada sur la scène internationale par le phénomène d’émulation causé par les Jeux olympiques.

«Chaque génération nous a amené des champions. Quand tu as un champion dans un sport, tu attire la relève. Ç’a commencé avec Jean-Luc Brassard, Alexandre Bilodeau, Mikaël Kingburry, les sœurs Dufour-Lapointe. Nous sommes chanceux au Québec d’avoir les montagnes et de belles conditions pour développer le sport et produire des champions», lance Marc-André, qui se dit encore très optimiste sur les chances du Canada de remporter des médailles à Pyeongchang.

Pyeongchang

Marc-André arrivera sur le site de J.O. 2108 à la fin du mois de janvier. Suivra l’équipe des bosses celles en free-style, slope, jump et half-pipe… Il a eu le privilège de visiter le site des Jeux.

« Ce sera des Jeux olympiques à échelle humaine. Ils sont prêts. 85% de la neige sera fabriqué sur place. Ils ont le meilleur système d’enneigement qui existe sur la planète. La température devrait osciller entre +5 et moins 10 degrés Celsius. Ce qui m’a épaté le plus, c’est la conscience écologique qui est très forte en Corée du Sud. Il sont très respectueux de la nature. On ne rase pas de forêt pour construire des pistes de ski. Les arbres ont été prélevés et plantés ailleurs. Après les J.O., les arbres retourneront au même endroit. Les Sud-Coréens ont décidé de faire un retour aux sources et de ne pas faire des Jeux un gouffre économique. Sur ce point, ils ont toute mon admiration», mentionne Marc-André.

Redonner au suivant

Marc-André Moreau est heureux de son nouveau départ. Aujourd’hui dans le nouveau poste directeur du programme haute performance qu’il occupe depuis 2014, il boucle la boucle comme il le dit si bien.

«Je vis présentement une belle transition. Je savais que le rôle d’entraîneur, ce n’était pas du long terme. Il y avait une mission et un but. J’avais le goût de redonner au sport et de donner une médaille olympique au Canada. Nous l’avons réalisé avec les sœurs Dufour-Lapointe à Sotchi. Le travail fut très exigeant. Aujourd’hui, j’occupe le meilleur des deux mondes. Je travaille désormais dans une position stratégique, qui m’offre un bel équilibre entre la vie de famille et la carrière», conclut Marc-André.