Porter le Bon Dieu aux malades !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Le chef de la famille Beauchemin se rendit au presbytère dans sa “barouche”. Et  de là, il amena à sa maison le curé, dans le rang des Quarante, parce qu’il y avait une urgente nécessité dans la chaumière du Bonhomme Godfroi.

La grand-mère mourante demandait l’Extrême-Onction. Curé et fermier partaient donc dignement, sans faire trotter le cheval, parce que ce n’était pas convenable. Ils se rendaient à la chaumière, où on avait eu soin de préparer les cierges, les rameaux bénits, un vase pour l’eau bénite, près de la couche de la mourante. Tout était prêt pour recevoir le Viatique.

Or, il arrivait que le fermier, dans sa hâte, n’eût pas nettoyé la voiture. Ou bien à défaut du “sorrey” chic, que son fils avait emprunté la veille, il n’avait sous la main qu’une voiture délabrée, un “boghei” brinquebalant.

Grand scandale du prélat et hauts cris ! On ne promène pas ainsi le Bon Dieu dans une patache boueuse. !

C’est ainsi que le curé de Sorel a dû rappeler, au prône de dimanche, l’importance qu’il y a de se servir de voitures convenables, quand on vient chercher le prêtre pour donner l’Extrême-Onction ou pour porter le Bon Dieu aux malades. Il faut là, comme à l’église, de la dignité. Les voitures devraient avoir deux sièges et être propres. C’est bien le moins que l’on doit à la personne du prêtre et à Celui dont il devient, en ce sens, le porteur.  (Le Sorelois, 23 novembre 1886, page 3).

Illustration: Le Saint-Viatique à la campagne, 1916, dessin de Edmond-Joseph Massicotte, illustrateur