Prendre un verre de bière, mon minou…

 Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Qui n’a pas entendu cette mélodie bien violonée ? Hein ! On avait enregistré en 1950, 35 000 “records” de cet air folklorique. La radio populaire l’a diffusé à profusion. C’est le type de chanson qui colle à l’oreille comme un maringouin et qui nous serine une mélodie de biberon. Un vrai ver d’oreilles, d’autant plus que les mots sont d’un cru de quatrième année non terminée. Une fois entendue, ça suffit. Pas besoin d’un doctorat.

Tous la fredonnaient du premier coup. On la chantait en choeur lorsque l’esprit des tavernes flottait au-dessus de la broue des verres. Dans les veillées de familles, au banquet de noces, à la cabane à sucre, dans les boîtes de nuit, en province, à la ville. Partout !  C’était la coqueluche nouvelle !  Je disais “mélodie-biberon”, car le journaliste suppose qu’elle fut empruntée à une berceuse: “Faire une p’tite prière, c’est si doux…”

La famille Souci nous a aussi fourni une autre aubade hyper populaire: “Ah ! les fraises et les framboises”, sortie du même archet d’Isidore Soucy. Cette dernière symphonie lui mérita 80 000 enregistrements et 6 000 feuillets de musique vendus. Il battait le record que détenait le “White Christmas” de Bing Crosby. C’est pas peu dire !

Deux vraies poules aux oeufs d’or, écrit le journaliste. Ces deux ritournelles firent les beaux jours de la famille Soucy, venue de Rimouski s’établir sur la rue Moreau à Montréal.”…sur la route de Longueuil, de Longueuil à Chambly, j’ai rencontré trois filles, trois belles filles du pays…”

L’illustration est empruntée au “Le Petit Journal”, édition du 5 février 1950. Isidore Soucy, son épouse, Fernand, soliste. Derrière, Fernande, Thérèse, Eugène et Marie-Ange Soucy.