La prohibition au siècle dernier !

 Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Il y a quatre-vingt-dix ans, le commerce de l’alcool prohibé fleurissait transfrontière. Grâce à des alambics clandestins, aux transports nocturnes et à des dépôts secrets, malgré les douaniers, les policiers spéciaux, les arrestations, l’eau de vie traversait les frontières à contre sens de l’eau du Richelieu.

Dans toutes sortes de contenants, par voiture, par bateau, à cheval ou à pied. De nuit, de jour, toute occasion était bonne pour étancher les soifs américaines.

Inversement, on se permettait des incursions au Canada: c’est ainsi qu’un habitant de Saint-Armand, en Montérégie, du nom d’Armand Lalanne, a été un jour enlevé de sa demeure par six ravisseurs américains. C’est qu’il y a une somme de 500 $, une contravention que Lalanne tarde à payer aux autorités de Burlington.

Il avait été condamné à cette amende après sa condamnation et son aveu de trafic d’alcool. Les Américains n’hésitèrent par à franchir la frontière pour se saisir du contrebandier pendant la nuit…

Or, les ravisseurs de Lalanne ne s’étaient pas rapportés aux autorités canadiennes de l’immigration. Des mandats sont donc émis à Sweetsburg (aujourd’hui Cowansville) contre les six Américains, qui auraient été les auteurs de son enlèvement et l’auraient transporté à travers la frontière internationale dans l’État du Vermont.  Pour le délit d’alcool, Lalanne sera condamné à 60 jours de prison en Cour fédérale. (Le Canada Français, 9 juin 1932, page 5)

L’illustration ci-contre est ainsi décrite: “Nos voisines en sont rendues à cacher l’alcool défendu dans les endroits les plus singuliers. Celle de gauche a un demiard de rhum dans son chapeau. Celle de droite, un demi-gallon dans le tour de sa boîte à chapeau. Celle du centre cache six petites bouteilles de cognac… dans ses jarretières” (Le Petit Journal, 29 mai 1927).