Quatre manoirs à Chambly

 Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – La ville de Chambly est sûrement la seule ville au Québec à compter quatre manoirs pour autant de seigneurs. Bien plus, toutes ces résidences prestigieuses sont alignées sur la même voie de circulation, la rue Richelieu. Chaque seigneur jouissait d’une vue imprenable sur les rapides de Chambly. D’autant plus que leurs habitations étaient situées en hauteur, sur des parties légèrement surélevées du terrain. Des sites de premier choix.

Les seigneurs du Régime français, Jean-Baptiste Boucher de Niverville, père et fils, habitaient un manoir aujourd’hui disparu, situé sur une hauteur, à l’angle des rues Lafontaine et Centre. Nous ne possédons pas de photographies de cette propriété, qui a été cédée à la famille Willett. Le domaine privé des seigneurs s’alignait de part et d’autre de l’actuelle rue Lafontaine, entre les rues Bourgogne et Richelieu.

Le seigneur Gabriel Christie a fait ériger une monumentale demeure en 1796. Ce riche propriétaire gérait depuis Chambly plusieurs seigneuries du Haut Richelieu. L’édifice deviendra successivement la propriété du seigneur Samuel Hatt (1816), de la succession Yule (1845), de la famille des industriels Willett (1868), des religieuses françaises qui y tiennent un orphelinat-école, entre 1934 et 1953. Le manoir Christie, après un incendie, a été démoli pour laisser place aux résidences actuelles Emma-Lajeunesse, au 38, rue de Richelieu.

Le seigneur Melchior Hertel de Rouville, le grand oublié de notre histoire, a fait construire son manoir vers 1805. Il est propriétaire de la seigneurie de Rouville (aujourd’hui la région de Mont-St-Hilaire) et de plusieurs fiefs dans Saint-Mathias. Son fils en hérite, mais il le vend à Charles-Michel de Salaberry en 1820 et va s’installer à Mont-St-Hilaire. La veuve de Salaberry en hérite en 1829. Puis des marchands de Montréal, dont Joseph Ross, acquièrent le manoir qui passera en plusieurs mains. Il est situé au 27, rue de Richelieu.

Le major et lieutenant-colonel Charles-Michel de Salaberry se fait construire un manoir imposant vers 1815 situé à la limite de la réserve militaire britannique et de la rue des Voltigeurs. Après sa mort subite en 1829, la veuve et les enfants De Salaberry l’occupent jusqu’en 1848. Détail intéressant, madame de Salaberry, veuve de feu le colonel de Salaberry épousait au manoir seigneurial, le 15 janvier 1840, le colonel John Glen, ci-devant de Barranquilla, province de Carthagène, Amérique du Sud. Ce manoir est situé aujourd’hui au 18 rue de Richelieu.