Séparer le bon grain de l’ivraie…

André Corbeij

ÉDITORIAL– Il sera fort intéressant de suivre les retombées de l’onde de choc qui a secoué la petite communauté chargée d’histoire de la Seigneurie de Chambly, depuis les «sombres événements» du jeudi 22 novembre 2018.

D’un côté, nous avons un maire qui se retrouve au cœur d’une controverse, suite à un reportage de l’émission Enquête; reportage qui fait état d’un climat toxique qui règnerait à l’Hôtel de Ville et de l’autre, la démolition d’un bien patrimonial chargé de 200 ans d’histoire (la maison Boileau), «exécutée le même jour», sur l’ordre du directeur général de la Ville.

Dans une lettre payée par Action Chambly – Équipe Denis Lavoie, publiée en pleine page dans l’hebdo papier local de Chambly (édition du mercredi 28 novembre), le maire s’excuse de la sévérité de ses propos tenus dans un échange virulent entre lui et un responsable du soccer mineur de Chambly rendu public dans un enregistrement à l’émission Enquête, affirmant qu’il l’avait fait pour défendre les intérêts des enfants de 12 ans.

Il  y va également d’une charge en règle contre Radio-Canada. Il écrit : «Cela fait bientôt deux ans que Radio-Canada s’acharne à rencontrer nos adversaires politiques et s’efforce à recueillir toutes les confidences petites et grandes de ceux et celles qui ont le moindre grief à l’encontre de notre administration». 

Il ajoute : «Or, la seule chose qui ressort de toutes ces années d’enquête est une conversation téléphonique privée qui date de quatre ans et qui a été enregistrée à mon insu avec une personne que je pensais être un ami.»

Mais dans ce même reportage d‘Enquête, on y révèle également des témoignages accablants à visage découvert d’ex-employé(e)s municipaux, qui ont dû quitter leur gagne-pain parce qu’ils n’en pouvaient plus… Bobards ?

Vivement que la lumière soit faite par la Commission municipale qui a été chargée de l’enquête.

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Dans son point de presse du 27 novembre concernant la démolition de la Maison Boileau, la direction générale de la Ville de Chambly a bien joué ses cartes, roulant dans la farine ses détracteurs, appuyant son argumentaire sur des rapports officiels et moult lettres explicatives des démarches entreprises; lettres et rapports datés et signés selon les règles de l’art. Certaines personnes ont critiqué le fait que certains de ces documents aient été rendus publics sur le site web de la Ville a posteriori de la démolition de la maison Boileau.

Ceux et celles qui ont élevé au rang d’escobarderie les explications de la direction générale dans ce dossier, sont sans doute en droit de se questionner sur la démarche de cette dernière qui, on se doit de le dire, l’aura un peu cherché en annonçant au lendemain de la démolition de l’auguste érection, qu’elle allait la reconstruire.

Si le scénario était connu, aurait-il dû être rendu public bien avant les premiers coups de pelles mécaniques ? On aura beau dire que le projet de la reconstruction de la maison Boileau était inscrit dans les cartons depuis des lustres, il n’en demeure pas moins que l’une des «perceptions» qui émerge de la gestion des événements, est celle de la tentative de récupération d’une «patate chaude».

Et puis voilà que le Parti de l’opposition à l’hôtel de Ville, Démocratie Chambly, annonce que dans une résolution déposée pour l’assemblée du 4 décembre, il réclamera la démission du DG pour la démolition de la Maison Boileau !

Et que nous réserve la suite ?

La maison Boileau est rasée et déjà, des ténors du milieu y vont de leurs suggestions pour la suite. Christian Picard, ex-candidat péquiste dans Chambly aux dernières élections, qui a été arrêté pour méfait puis relaxé sur promesse de comparaître pour avoir fait blocus lors de la démolition de la maison Boileau, suggère de lancer des fouilles archéologiques avant de la reconstruire. Il faudra voir, car la Ville a fait savoir le 27 novembre que suite aux expertises archéologiques effectuées plus tôt cette année par ses experts, il n’y aurait peut-être pas lieu de les poursuivre…

Démocratie Chambly, le Parti de l’opposition à l’Hôtel de Ville, suggère de lancer une consultation publique en collaboration avec le comité PHAC et la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly, afin « d’honorer convenablement » la mémoire du patriote René Boileau.

Un citoyen, M. Pierre Turcotte, qui a retapé une maison historique dans le vieux Chambly, nous a fait part de cette observation : « devant le fait accompli, un remplacement à l’identique est maintenant souhaitable. À l’identique voulant dire un bâtiment de même gabarit et même caractéristiques, dont les matériaux apparents utilisés à l’intérieur comme à l’extérieur sont de même nature que ceux de la maison d’origine. Bien sûr les éléments non apparents tels les structures, isolation et fondations peuvent être réalisées avec des matériaux modernes. Il ne saurait être question que l’enveloppe extérieure soit constituée de PVC ou d’aluminium. »

…et il y a cette perle de M. Denis Le Breton, de Chambly, sur l’éventuel projet de reconstruction de la maison Boileau:

«C’est un peu comme si les égyptiens construisaient des répliques des pyramides !»

Les appels d’offres sont lancés…