Seuls les peuples du nord trouvent le soleil gai !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Nous, peuple du frisquet Québec, habitants d’un pays qui n’est pas un pays, mais l’hiver, cherchons constamment le soleil et la chaleur. Snowbirds en état de manque, Floridiens de janvier, nous descendons vers l’équateur pour s’abreuver… de quoi… de soleil et de sable chaud.

Il est étonnant que juillet ne nous fasse pas monter au Nunavik ou à Kuujjuaq. Alors que tant de Latinos remontent vers le Nord mexicain pour atteindre par tunnel “El Norte”.

Quelquefois, nos hivers nous offrent des soleils admirables et des bouffées inattendues d’air chaud. Voici que le 27 décembre 1794, à Chambly, écrit René Boileau, “Le bassin est aussi libre qu’en été. J’ai été avec le capitaine Lamoureux en canot à la Pointe-Olivier”.

Mais aussi hélas ! en juillet : Samedi à quatre heures après-midi, deux détachements du 16e et du 100e régiment laissaient Montréal pour Chambly. Les hommes du 100e régiment étaient revêtus de leurs tuniques rouges et ceux du 16e des blouses en toile. À près de quatre milles en deçà de Chambly, P. Glinnor du 100e tomba soudainement frappé par la mort. Un examen post mortem montra que la cause de la mort était un coup d’apoplexie provenant de la chaleur. Deux hommes ont aussi souffert grandement de la chaleur, mais ils sont maintenant hors de danger. (Le Franco-Canadien, 17 juillet 1868).

Un tel drame justifie les propos du poète Jimenez: “Seuls les peuples du nord trouvent le soleil gai, écrit-il. Les peuples du sud savent qu’il aplatit, qu’il assourdit, qu’il est par excellence le grand escamoteur. Mieux que la brume, il absorbe, et fait disparaître. Il vous dépossède. C’est le grand instrument de la solitude, du dépouillement, de la nudité. Il fait table rase. Il est l’ennemi du concret, le roi de l’immatériel, le maître du mirage…” (Juan Ramon Jimenez).  Ah ! Comme je le comprends!!!

Notes: Juan Ramon Jimenez (1881-1958), poète espagnol et prix Nobel de littérature.

Illustration: Une éruption solaire. Par la NASA