Un grand arroi à Chambly en octobre 1960

 Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Chambly a reçu dans ses murs plusieurs personnages bien haut cotés. Maurice Duplessis, John Diefenbaker, Pierre-Elliot Trudeau, Jean Chrétien. Sans provoquer un long défilé ni susciter de curiosités particulières, sauf chez les admirateurs ou les supporteurs. Avec, bien sûr, les gardiens de sécurité.

Or, le journal La Patrie, édition du 16 octobre 1960, titre : “Un grand arroi à Chambly”. Mais qu’est-ce qu’un “arroi” ? Larousse nous informe qu’un arroi est “l’équipage, le cortège qui accompagne un grand personnage”. Une arrivée en grand apparat, quoi, avec faste et éclat. Question de relever la solennité de l’évènement, de rehausser la grandeur du visiteur, l’importance du voyageur. Façon d’être bien vu, remarqué, acclamé, applaudi, célébré..

Lisons: “Emmanché d’un long cou, M. Girafe, appelé Bert, a été dirigé processionnellement de Montréal au zoo de Granby, où il restera en “blessed singleness(célibat), jusqu’à ce qu’une compagne vienne le rejoindre dans une (sic) couple de mois. Le voyage de M. Bert ne fut pas une mince affaire. La compagnie allemande Poseïdon mit à sa disposition son navire amiral aux frais de la princesse. Le distingué voyageur ne peut descendre à terre à Hambourg et dut être transbordé directement au navire qui devait l’amener à Montréal. M. Denis Deschamps, de Chambly, fait les honneurs de la cité en tendant à un si haut personnage une carotte de choix, primeur de la saison, du haut de l’échelle du camion de pompier. L’odyssée de Montréal à Granby prit de huit à neuf heures. Là où les fils étaient trop bas ou que sa Hauteur de 15½ pieds n’était pas d’humeur à baisser la tête, il fallait procéder au sectionnement des fils d’électricité.

Le (!) girafe Bert n’a pas pu s’abreuver à la pause qui rafraîchit, malgré l’invitation de “Bières et Vin au Spaghetti House. Mais il a reçu les hommages devant la statue de Salaberry par des curieuses: Diane Tétreault, Lisette Roy, Suzanne Pilon, Céline Roy et José Simard.

Le contraire “d’être en bon arroi” serait “d’être en mauvais arroi”, ou mauvaise posture, ou en…. désarroi peut-être !

Extrait du journal La Patrie, édition du 16 octobre 1960,pages 23 et 24