Un incendiaire à Chambly en 1880 !

Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – On n’a jamais su comment l’église Saint-Joseph de Chambly avait été incendiée en 1880. Un journaliste avance l’hypothèse d’un incendiaire.

Il existait à l’époque, comme dans plusieurs paroisses, un “chemin couvert”, une sorte de déambulatoire en bois qui reliait le presbytère et l’église. C’est dans ce corridor que le feu aurait été allumé. Cette église, qui datait de 1810, de 117 pieds de long par 54 pieds de largeur, avec couverture en bardeau, surmonté d’un clocher contenant 3 cloches, avait été faite “selon un devis entièrement conforme à l’église de Boucherville”. Les pierres d’épaisseur pour le portail et le devant des chapelles avaient été prises dans les carrières de Chambly-Canton. Celles de la maçonnerie provenaient aussi des carrières et du rapide”. (René Boileau, 16 février 1809).

Samedi soir, vers 1 heure 15, la population de Chambly éveillée aux cris de “Au feu !” eut la douleur de voir l’église de l’endroit enveloppée dans les flammes. Malgré tous les efforts possibles pour combattre le terrible élément, on ne put le maîtriser. En peu de temps cet édifice fut réduit en flammes. L’église était en pierre. Les pertes s’élèvent à près de 30 000 $. Il n’y a qu’une faible assurance à la l’Assurance Mutuelle des Fabriques. On n’a rien pu sauver, l’orgue, les vêtements sacerdotaux, etc. tout a brûlé. Le feu a pris naissance dans un chemin couvert en bois adossé à l’église. On croit que c’est l’oeuvre d’un incendiaire. Durant la nuit, les deux gardiens des écluses ont passé, l’un vers minuit, l’autre un quart d’heure plus tard près de l’église et n’ont rien vu d’étrange. De plus, le zélé curé de l’endroit M. Amable Thibault a, suivant sa coutume, regardé aux environs de l’église et du presbytère vers minuit, mais n’a rien vu qui put faire soupçonner l’approche de ce terrible malheur. Ce n’est qu’une heure plus tard qu’on aperçut les flammes en train de dévorer l’église.

Ce sinistre a fait disparaître les meubles et les oeuvres décoratives du sculpteur Joseph Pépin, réalisées en 1812, dont un “grand retable d’ordre corinthien ayant quatre pilastres et deux colonnes, les boisures du sanctuaire à l’appui des fenêtres, deux trônes et des bancs pour les enfants de choeur et les chantres’’.

Source: Journal Le Sorelois, 9 juin 1880, qui cite Le Courrier de Montréal.

Photographie: L’église incendiée vers 1881. Archives de la Société d’histoire, fonds P103, photo 304.