Un patriote inconnu, Joseph Surprenant !

 Paul-Henri Hudon

HISTOIRE – Mgr Bourget écrit à l’évêque de Québec en exagérant : Après l’affaire de Saint-Charles, 1 000 à 1 500 volontaires se rallièrent à Saint-Mathias pour attaquer les militaires sur leur retour. Mais cette multitude indisciplinée et sans armes fut bientôt réduite à trois cents hommes qui s’enfuirent à l’approche des troupes en laissant un mort sur la place. C’était le 27 novembre 1837. Un homme du bas de Chambly a tiré sur les vainqueurs qui ont répondu par un coup de boulet à travers ses bâtiments; ce qui montre l’exaspération de ces insurgés dont un grand nombre cependant sont menés malgré eux et sans armes à la boucherie (RAPQ, 1926-27, p. 148, 2 décembre 1837).

Nous avons identifié cette victime tombée sur le chemin des Patriotes. Il s’agit de  Joseph Surprenant, 56 ans, habitant de Sainte-Marie-de-Monnoir.

Ce Patriote inconnu, qui ne figure sur aucune liste actuelle des victimes des tumultes de 1837, sera enterré avec les honneurs dus à un baptisé, c’est-à-dire dans le cimetière catholique de Marieville. Quoique Joseph Surprenant soit décédé les armes à la main, il a bénéficié des funérailles ecclésiastiques et a été inhumé dans le cimetière catholique de Sainte-Marie-de-Monnoir !

«Nous avons inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de Joseph Surprenant dit Lafontaine, décédé à Saint-Mathias d’un coup de feu, âgé d’environ 56 ans. En présence de Victor Tétreau et de François Tétreau », (Registre de la paroisse de Sainte-Marie, le 1er décembre 1837).

C’est le fils d’André Surprenant et de Marguerite Geoffrion. Marié en premières noces à Josephte Vigeant, âgée de 40 ans, veuve de Louis Bertrand, Joseph Surprenant avait ensuite convolé en secondes noces avec une autre veuve.  Ces couples sont restés sans enfant. Il avait dicté son testament dans l’office du notaire Joseph-Isaïe Boudreau, le 31 juillet 1837, en compagnie de sa seconde épouse, Madeleine Brouillet.

Il semble que des gens aient été mécontents de cette sépulture ecclésiastique. Mgr Bourget, dans une lettre au curé Girouard, justifie : L’homme en question a été inhumé; il faut le laisser dormir en paix. Le gouvernement n’a rien à voir sur la sépulture ecclésiastique qui n’appartient qu’à l’Église. Je suis bien aise d’apprendre que votre paroisse soit dans de meilleures dispositions. Puisse-t-elle s’instruire par ses malheurs et devenir fervente.  (Lettre de Mgr Bourget à Henri-Liboire Girouard, curé de Sainte-Marie, 5 décembre 1837. Registre des Lettres, v.1,  p. 91)